フランス語フランス文学研究
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研究論文(欧文要旨付)
『失われた時を求めて』におけるラシェルの動物愛護
松田 真里
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2023 年 122 巻 p. 17-32

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抄録

Rachel protectrice des animaux dans À la recherche du temps perdu

Mari MATSUDA

 

  Les études critiques portant sur les aspects socio-culturels de l’oeuvre de Marcel Proust abordent rarement un sujet pourtant non négligeable : la protection des animaux en France à cette époque. Hugo et Zola avaient défendu ce principe à la suite de l’adoption en 1850 de la loi Gramont pour la protection des animaux, inspirée par l’exemple de l’Angleterre. Or de nombreux textes de Proust développent cette thématique, entrelacée à l’amour des bêtes et à la sensibilité dont elles sont capables : À la recherche, bien sûr, mais aussi Les Plaisirs et les jours et Jean Santeuil, sans oublier la correspondance de l’écrivain.

  Ces deux aspects intéressent plus particulièrement Proust. Il offre d’abord un point de vue révélateur sur les femmes de la bonne société à la Belle époque, influencées par le modèle de la haute aristocratie anglo-saxonne du 19e siècle. Entre 1903 et 1904, Proust évoque la protection des animaux revendiquée par les femmes du monde dans le Figaro. La comtesse de Potocka, par exemple, qui adore les animaux, vit seule à la campagne, entourée de chiens.

  Proust se sert aussi de ce thème pour approfondir le caractère de Rachel. Deux épisodes de la Recherche la montrent sous l’empire d’un amour des bêtes d’une intensité quasi maternelle, qu’elle s’emploie à communiquer à son amant Saint-Loup. Figure secondaire du roman, d’abord anonyme, la conjonction des caractéristiques qui la définissent comme juive, prostituée, actrice, dreyfusarde et progressiste, la rendent propre à incarner divers archétypes. On note que ce personnage fait écho à une certaine correspondance, diffuse dans le climat intellectuel de l’époque, entre les questions liées au judaisme et celles de la condition animale. En 1896, la même année où Zola publie dans Le Figaro son plaidoyer « Pour les juifs », il donne aussi au journal des articles sur « l’amour des bêtes ». Le portrait de Rachel se fonde sur ces analogies lexicales. Pierre Birnbaum a remarqué, par ailleurs, que le discours anti-dreyfusard puisait son argumentaire dans celui de la protection des animaux. Or le rôle de Rachel va à l’encontre de ce schéma, lorsque, juive dreyfusard, elle enseigne l’amour des animaux à Saint-Loup, « pur Français » chrétien.

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