2025 年 126 巻 p. 137-152
La possibilité de l’art du roman
Autour de Thomas l’obscur de Maurice Blanchot
Ryotaro NAKATA
Nous examinerons le problème de l’art du roman, une question abordée par Maurice Blanchot au début des années 1940. Nous verrons d’abord que Blanchot appelle à la création d’un roman nouveau, conçu comme une œuvre absolue, indépendante de toute autorité extérieure. Ensuite, nous montrerons comment il compose Thomas l’obscur selon une logique qui reflète sa propre vision du roman.
Tout d’abord, Blanchot critique les romanciers réalistes qui, en reproduisant dans leurs œuvres des événements extérieurs, ne parviennent pas à justifier leurs romans comme œuvres d’art véritables. Toutefois, le problème de l’art du roman apparaît comme une aporie : d’une part, pour l’écrivain, il faut créer une œuvre à partir de paroles purement poétiques ; mais, d’autre part, il est impossible de purifier totalement la langue, car il est contraint d’utiliser le langage naturel.
Blanchot considère ensuite Les Chants de Maldoror comme un roman idéal. Il y reconnaît deux thèmes contraires : la puissance transcendantale de Maldoror et la durée du temps interne à l’œuvre narrative. C’est dans cette confrontation au sein même de l’œuvre que Blanchot perçoit une force ironique.
Enfin, à la lumière de son discours théorique, nous tenterons d’analyser Thomas l’obscur, en particulier sa structure de retour, ainsi que son effet ironique sur le protagoniste. Ce roman présente continuellement un monde fantastique de l’au-delà, tout en introduisant un mouvement de retour. Dès lors, l’œuvre ne cesse de créer et de détruire l’obscurité transcendantale de Thomas, ne laissant derrière elle qu’une trace, une empreinte fugace.