抄録
En expliquant son <<traitement de l'ecrit>> dans la <<bibliographie>> des Divagations (1897), Mallarme a sacre une nouvelle ecriture : le poeme critique. C'est, tout d'abord, comme le poete l'indique, une evolution du poeme en prose baudelairien, mais aussi l'aboutissement de <<[sa] recherche>> litteraire apres <<l'attentat>> du vers libre. Or, on trouve egalement dans les lettres a Albert Mockel (17 oct. 1894) et Charles Bonnier (fev. 1895) cette expression mallarmeenne, utilisee pour les feliciter de leurs ouvrages : Propos de litterature et Cheres faces. La lecture de ces deux textes nous apprend que le poeme critique consiste a reflechir sur la poesie plus moderne. Mais, paradoxalement, <<Grands faits divers>>, la derniere section des Divagations, traite de sujets apparemment etrangers aux Lettres, les affaires sociales ou politiques. Nous nous proposons dans cet essai d'eclaircir les causes de ce decalage et d'expliquer comment elles produisent une forme <<actuelle>> pour demonter les systemes en crise d'une societe qui aliene la poesie et qui empeche l'apparition d'un poeme ideal, le Livre.