抄録
Le présent travail tente de montrer à la fois la «proximité» et l'«éloignement» qui existent entre les concepts de vie chez Henry et chez Bergson, cela en comparant leurs conceptions de la culture avec celle de Merleau-Ponty.
En effet, il est possible de considérer le problème de la culture chez ces trois philosophes dans sa relation avec la temporalité. Tandis que Merleau-Ponty, en interprétant la culture à partir de son propre concept d'«institution», la comprend comme ébranlée par la contingence, comme ce qui porte toujours en soi la possibilité d'être institué, Bergson et Henry entendent par temporalité non pas l'«institution», mais le mouvement même de la vie. Ce faisant, ils découvrent l'essence de la culture dans ce mouvement de la vie qui surmonte des contingences (Bergson) ou dans le processus en lequel la vie se réalise (Henry).
Toutefois, les concepts de vie avancés par Bergson et Henry comportent non seulement une dimension de «proximité» mais aussi d'«éloignement». Tout d'abord, alors que la vie doit, chez Bergson, sa réalité à la matière et que cette matérialité est saisie comme mouvement qui va à l’encontre la vie, Henry comprend la résistance à la vie comme élément essentiel de l'auto-affection, ou encore de l'ipséité de la vie dont la réalité est précisément constituée par cette auto-affection. Ensuite, bien que, chez Bergson, le rapport entre vie et matière soit considéré comme principe constitutif du monde objectif et logique, Henry comprend le monde qui résiste à la vie comme monde coloré pathétiquement par l'affectivité de la vie. C'est notamment en ceci qu’il est possible de situer l'originalité de la pensée d'Henry par rapport à celle de Bergson.