2023 年 123 巻 p. 103-118
Une lecture de « Dehors la nuit est gouvernée » de René Char
Kosaku SHIRAISHI
Pendant la période de la guerre d’Espagne, René Char affronte une grave situation. Après sa séparation avec groupe surréaliste, il se retrouve en danger de mort à cause d’une septicémie, dont il réchappe toutefois. Le Front populaire à Paris est pour Char convalescent la source d’un grand espoir, mais le déclenchement de la guerre d’Espagne est un choc profond. Face à cette époque troublée, l’attitude et la poésie de Char commencent à changer.
Deux recueils de poèmes, Placard pour un chemin des écoliers et Dehors la nuit est gouvernée, sont nés dans la période de la guerre d’Espagne. Ni l’un ni l’autre ne jouissent d’une grande réputation. Mais il est possible de les considérer comme un tournant dans la poésie de Char. Notre article se consacre à l’étude de deux poèmes de Dehors la nuit est gouvernée : « Tous compagnons de lit » et surtout « Dehors la nuit est gouvernée ». Le recueil est publié en 1938, mais ces deux poèmes ont été écrits en 1936-1937.
Dans la première partie de « Dehors la nuit est gouvernée », il y a une présence féminine énigmatique, représentée seulement partiellement ou métonymiquement. L’amour et le désir du poète pour cet être mystérieux restent insatisfaits et, à la fin de la première partie, cet être s’en va. Dans la seconde et dernière partie, à sa place, un « Monstre » apparaît. Comme on peut le deviner d’après le titre, le poète d’abord n’est pas dehors, mais cloîtré, isolé des autres. Mais au fur et à mesure, il montre son intérêt pour ceux du dehors, jusqu’à sortir pour se retrouver avec eux dans la seconde partie. Signe qu’il a découvert le moyen d’être à nouveau dans la communauté, parmi les autres.