抄録
Quelle est la vérité qui me permet de dire je comme moi que personne ne peut remplacer ? Selon M. Henry, la vérité du moi prend sa source dans la Vie. «La possibilité de dire «moi», «je» (…) n’est intelligible que dans la Vie phénoménologique absolue». Je ne m’éprouve moi-même que dans la mesure où la Vie m’a généré en elle pour me constituer comme être vivant. La vérité qui fait de moi, moi-même et, que je suis, n’est rien d’autre que la vérité de la Vie.
Il faut remarquer que selon Henry la vérité de la Vie est vécue comme une violence −− «violence telle qu’il n’est contre elle nulle protection». Cela veut dire ceci : la Vie me fait violence, autant que je suis moi-même. Car c’est seulement dans la venue dans la Vie que je m’éprouve moi-même comme moi que je suis. Cette violence d’être moi est la violence de la vérité qui constitue chaque vivant comme ce qu’il est lui-même. La violence constitue ainsi une «épreuve» de la Vie dans laquelle je m’éprouve moi-même.
L’objectif de la présente recherche consiste à analyser cette violence de la vérité pour éclairer l’ipséité du moi dans la Vie. La violence de la Vie absolue surgit comme la «naissance transcendantale». Pour approfondir ce concept, nous aborderons le problème de la «temporalité propre à la Vie». Nous proposons ensuite d’interpréter, à partir de l’analyse de la temporalité en tant que condition formelle de la constitution de l’ipséité, le rapport de la violence de la Vie à l’ego. Nous verrons enfin comment la temporalité de la Vie constitue chaque ego comme vivant, tout en mettant celui-ci dans la passivité par rapport à la violence de la Vie.