Peu de temps après sa retraite de la Carrière, Paul Claudel publie dans La Revue de Paris (15/11/1936) un recueil intitulé ‘Petits poèmes japonais’ et précise, dans une courte note, qu’il s’est “inspiré" de l’Anthologie de la poésie japonaise de Georges Bonneau (1935). Par la suite, ce recueil, remodelé et rebaptisé Dodoitzu, sera réimprimé en un volume chez Gallimard. Force est de constater que le terme dodoitzu — emprunté à la terminologie de Bonneau — est erroné : dodoitsu désigne en japonais un type précis de chansons légères à la mode dans les quartiers de plaisir aux XIXe et XXe siècles. En fait, Bonneau, puis Claudel, se sont surtout intéressés à des chansons paysannes antérieures au XIXe siècle.
Dans cet article, nous avons essayé d’analyser l'image de l’eau, telle qu'elle apparaît dans le recueil de Claudel, sous de très nombreuses formes (torrent, ruisseau, pluie, neige, etc…), et à la symbolique qui s’y rattache: poursuite de l'être aimé, instabilité des sentiments, solitude, spleen. Les modifications imposées au texte des chansons japonaises par Claudel tendent à en effacer toute note d’humour et rappellent souvent mots pour mots certaines pièces des Romances sans paroles de Verlaine. Ainsi, par l’entremise de Claudel, l’image de “l’eau qui s’en va”, de “l’eau instable” réussit à rapprocher de façon évidente pour tout lecteur francophone la poésie populaire japonaise et le lyrisme sentimental verlainien.
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