Il est d’usage de représenter l’espace urbain parisien selon un double clivage : la polarité Est-Ouest(ouvrier-bourgeois)croise la polarité Nord-Sud (Ville-Université). Nous proposons d’adjoindre à cette taxinomie un principe concentrique(ville, faubourgs, petite et grande banlieues), plus en adéquation avec les romans réalistes décrivant les gens du peuple habitant la périphérie. Ainsi, dans Germinie Lacerteux(1865)des frères Goncourt, l’héroïne éponyme, domestique, voit la routine de son existence dans son quartier faubourien bouleversée par le passage de deux frontières : le mur des Fermiers généraux, l’enceinte de 1840. Ces deux murailles sont bordées d’une double frange, formée, à l’intérieur, d’une étroite bande interlope, et, à l’extérieur, de lieux de plaisirs. Les divertissements populaires de la petite et de la grande banlieue présentent des valeurs opposées : le lieu dysphorique de la débauche dans l’alcool et de la danse, sur les boulevards extérieurs du mur d’octroi ; le lieu euphorique du repos salubre en plein air, dans la verdure des talus des fortifications. Mais les Goncourt remettent en doute ce partage – qui n’existe que dans les visions fantasmées de la bourgeoisie – en projetant une lumière sarcastique sur les arbustes rachitiques et sur l’appropriation de la grande banlieue par un peuple d’ouvriers vulgaires.
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