Dans son article « Les notions de distance vécue et d’ampleur de la vie et leur application en psychopathologie » (1930), Eugène Minkowski employa le mot « tonalité » pour décrire la sensation perdue chez les schizophrènes. Nous nous penchons sur ce mot afin de soulever le problème de la vie partagé par Minkowski et Michel Henry.
Nous détaillerons d’abord les expressions musicales chez Minkowski et éluciderons le sens du mot « tonalité » qui dépasse le stade de la métaphore ;chez lui, la tonalité joue un rôle clef pour sa psychopathologie. Ensuite nous aborderons le concept de la
Stimmung chez Martin Heidegger, qui signifie non seulement l’ambiance ou la disposition, mais aussi la tonalité. Nous montrerons que loin d’être accessoire, la
Stimmung est chez le philosophe allemand, indispensable pour la vie en commun. Puis, nous observerons la notion de « tonalité » chez Henry, qui lui donna de l’importance en héritant de la problématique de la
Stimmung heideggérienne, à travers les lectures de
L’essence de la manifestation (1963) et
Voir l’invisible (1988). Ce faisant, nous mettrons à jour la portée de la « tonalité » henriénne qui rend possible la communauté des êtres-au-monde.
Les phénoménologies écloses en France sous l’influence d'Heidegger, telles que celles d’Henry ou de Minkowski, ont en commun de mettre en avant la sensibilité des choses subtiles comme la nuance vitale, la tonalité ou la résonance, et le contact avec elles. Il en résulte que les penseurs Henry et Minkowski développèrent chacun leur propre philosophie de vie en approfondissant la philosophie heideggérienne.
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