A partir des annees 1870, en revolte contre le francais norme enseigne dans les ecoles, qu'ils percevaient comme la marque d'un regime autoritaire et bourgeois, des ecrivains vont introduire la langue populaire pour representer le peuple, classe pretendument dangereuse et marginale: Aragon, qui en a une grande maitrise, l'emploie ainsi dans Aurelien pour donner une representation realiste du monde. Or, Breton l'utilise dans un but different: les expressions triviales et familieres n'ont pas chez lui pour fonction de peindre une classe sociale, elles sont un code qui sert l'appel revolutionnaire, le style affirmant lui tout seul l'ideologie. Lorsqu'il s'adresse au peuple, Breton recourt d'ailleurs aussi au style edifiant, desireux de l'instruire pour le conduire au soulevement revolutionnaire. En effet, alors que Breton se rapproche de Trotski, qui doute de la capacite du peuple a mener a bien et d'une fagon autonome la revolution, Aragon choisit le communisme et presente au peuple une image realiste du monde. Ces choix litteraires de style et de genre refletent ainsi des prises de positions divergentes: l'idealisme revolutionnaire qu'ils partagerent au debut du surrealisme change au fur et a mesure que s'approfondit leur politisation, et revele leur difference ideologique jusqu'a les amener a la rupture.

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Ce texte a pour objectif d'apprehender comment le passage du gouvernement des autres a celui de soi s'est produit dans la pensee foucaldienne au debut des annees quatre-vingt. Ce qui a rendu possible cette transformation est une serie de deplacements relativement minimes, qui a finalement mene Foucault a faire une enquete sur la culture de soi dans l'Antiquite. Pour bien comprendre ce changement, nous examinons les cours de Foucault au College de France, a savoir Du gouvernement des vivants (1980) et Subjectivite et verite (1981), ainsi que des textes qui leur sont contemporains. Cette analyse nous permet de discerner trois etapes que la pensee foucaldienne va suivre pour aborder la question du gouvernement de soi: premierement, la pensee antique apparait chez Foucault comme jauge pour souligner la singularite de l'aveu chretien; deuxiemement, Foucault cherche dans la pensee antique les elements constitutifs de la morale chretienne concernant la conduite sexuelle, representee par la <<fable de l'elephant>>; troisiemement, Foucault decouvre dans la pensee antique un domaine riche de pratiques exercees sur soi, domaine des <<arts de vivre>> que Foucault analyse dans les annees quatre-vingt. Le gouvernement de soi se forme donc dans ce mouvement retrospectif vers l'Anfiquite.

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En 1718, Voltaire a compose l'OEdipe sa premiere tragedie. Le but etait de corriger l'erreur commise par Corneille dans son OEdipe. Erreur qui consiste avoir traite deux sujets en meme temps. Mais Voltaire lui-meme est tombe dans la meme erreur, car l'histoire galante qu'il a inseree fait que sa piece suit deux lignes. Cependant it prone l'unite d'action. Sa pensee est particuliere et caracterise bien sa conception de la tragedie. Pour mieux saisir cet aspect, nous examinerons la polemique entre Voltaire et La Motte sur l'unite d'action. La Motte, attachant une grande importance au divertissement theatral, justifiait la diversite d'action. Au fur et a mesure que se developpe la polemique, l'objet du debat passe de la question de l'unite d'action a celle de l'unite d'interet. Pour La Motte, l'unite d'interet consiste dans le nombre restreint de personnages dans une piece qui, par ailleurs, peut comporter plusieurs actions. Pour Voltaire l'unite d'interet n'est possible que fondee sur l'unite d'action. Le sujet de la tragedie, qui consiste a suivre le destin du protagoniste, doit toujours rester le centre d'interet et it doit donc etre unique. En d'autres termes, meme s'il y a plusieurs autres personnages qui attirent l'attention du spectateur, si le heros, qui constitue le centre de l'interet, se dessine avec nettete, il s'ensuit que l'action reste unitaire. C'est la comprehension de l'unite d'interet comme etant integree l'unite d'action qui caracterise la conception de Voltaire.

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L'anthropophagie est consideree comme representative de la barbarie de l'Autre. Au 16^e siecle plus particulierement, elle a servi de pretexte aux entreprises du colonialisme occidental. Cependant Montaigne et Jean de Lery ont presente des discours sur cette question du cannibalisme, qui etaient nettement differents de ceux de leurs contemporains. Les discours sur l'anthropophagie des Sauvages (Lery) ou sur les Cannibales (Montaigne) se proposent plutot de deceler et de mettre en lumiere la barbarie des Occidentaux et leur hypocrisie. On peut dire que le point de we de Lery est a l'origine de celui de Montaigne. Mais il y a aussi des differences entre eux. Lery considerait que les hommes etaient tous virtuellement cannibales, et qu'ils pouvaient donc manger de la chair humaine, tandis que l'anthropophagie chez Montaigne reste un usage reserve a l'Autre. D'autre part, Montaigne met en question la barbarie de l'anthropophagie en la confrontant a sa culture classique, tandis que pour Lery, le cannibalisme n'est qu'une pratique cruelle et barbare. Cet article examine les ressemblances et les differences entre leurs discours, tout en degageant des conceptions originales et propres au 16^e siecle francais.

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