Joue en 1900, L'Aiglon d'Edmond Rostand n'eut pas beaucoup de succes aupres des critiques litteraires. En revanche, il eut un effet remarquable pour la notoriete de son interprete, Sarah Bernhardt. De fait, le personnage de Napoleon II fait la synthese des images legendaires de l'actrice : entre autres, l'heroine hugolienne et racinienne, la femme agonisante, la femme fatale, l'androgyne et, de plus, l'un des symboles de la France. Les sources de l'imagination de Rostand se trouvent dans les pieces de theatre concernant le Roi de Rome, l'influence des grands poetes, de Hugo et de Shakespeare, le souvenir d'un portrait du duc de Reichstadt... De plus dans la figure du fils de Napoleon, on trouve un autre facteur important : la personnalite de Sarah. En patronnant le poke, l'actrice s'est fait creer une piece ideate reconciliant les dreyfusards et les anti-dreyfusards comme un deuxieme Cyrano de Bergerac. A la lumiere de la relation entre ces deux artistes lors de la creation de l'Aiglon, on retrouve en ce heros androgyne le reflet d'un Rostand comme <<fils de Hugo>>, se sentant vivre en un <<temps sans grandeur>>, et de la <<grande Sarah>>, heritiere de la gloire de Napoleon.
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