Jean François-Paul de Gondi, Cardinal de Retz, dont la notoriété littéraire est due à ses Mémoires, est également reconnu pour son éloquence depuis le travail éditorial ayant accompagné son entrée dans la « Bibliothèque de la Pléiade » （1984）. Dans la dernière édition des Œuvres complètes publiée par Honoré Champion, de nouveaux aperçus sur la rhétorique du Cardinal de Retz sont livrés par Jacques Delon, qui souligne l’importance prépondérante de la célébration de l’héroïsme, fil continu de ses écrits, de La Conjuration de Fiesque jusqu’aux Mémoires, où ce motif imprègne profondément l’autoportrait de l’auteur.

　Cependant, le corpus des mazarinades écrites par Retz dans la période comprise entre La Conjuration de Fiesque et les Mémoires s’écarte de cette tonalité : le critère de « vraisemblance » sur lequel l’auteur fonde sa propre apologie ne se réduit pas à l’ethos du héros militaire protecteur de Paris, à l’usage du peuple de la capitale, auquel s’adresse le discours persuasif. Le trait privilégié est plutôt la « modération » respectueuse, destinée à attirer la « considération » du clergé. Au travers de ces mazarinades se dessine un autoportrait en héros classique, parfait mais sans éclat, fort loin du héros baroque.

　À partir des années 1890 et de l’affaire Dreyfus, le centre de gravité du journalisme se déplace progressivement des « écrivains » aux « intellectuels ». Confrontés, dans cette période de transition, aux exigences parfois contradictoires du livre et de la presse, ces « écrivains-journalistes » ont développé un style hybride, que nous étudions ici à la lumière de l’exemple de Jean Lorrain. Du côté de la littérature, il a recours, dans son roman La Petite Classe（1895）, à la pratique du « collage », à des articles « dialogués », et à une écriture de la « rumeur », qui glisse des fragments de vérité à travers une structure narrative complexe : autant de techniques adossées à l’écriture journalistique. Symétriquement, son travail de journaliste, consacré à une évocation subjective du monde artistique de son temps, marque la primauté du « comment écrire » sur le « quoi écrire ».

Houellebecq attribue à presque tous les protagonistes de ses romans une activité d’écriture. Que peut-on en déduire quant à sa conception du rôle de celleci ? Nous proposons quelques pistes de réponses sur la base de son essai Rester vivant （1991）, dans la perspective d’un complément aux analyses d’Agathe Novak-Lechevalier, qui a établi que l’écriture chez Houellebecq avait notamment pour fonction de limiter la souffrance et de permettre d’y survivre. Nous entreprenons de dégager son autre fonction en nous appuyant sur une comparaison de l’essai avec un scénario de Pasolini, Saint Paul（1977）, dont Houellebecq a reconnu l’influence directe sur l’essai. Pour Pasolini, dire et écrire ont chacun un rôle différent et c’est la solitude sociale qui déclenche l’acte d’écrire. En outre il oppose Paul à Luc dans son œuvre pour montrer que l’écriture rend possible la transmission intacte d’une parole à la postérité. Houellebecq inscrit cette réflexion dans la notion d’éternité : par l’écriture un être parvient à rester vivant après sa mort, à travers ses œuvres.