« Kyôiku (éducation) » est un terme ancien qui remonte au penseur chinois Mencius et signifiait au Japon, jusqu’au commencement de l'époque moderne, l’enseignement aux enfants des connaissances pratiques nécessaires pour vivre dans le monde, comme la lecture, l'écriture, l’'arithmétique et la discipline.
Avec la venue de la civilisation européenne au milieu du 19ème siècle, on a commencé à employer ce même terme kyoiku pour désigner le concept européen de l'éducation (education, Erziehung).
En Europe comme au Japon l'éducation visait, pendant longtemps, principalement un but identique, même s1 Platon avait déjà proposé dans la Grèce ancienne une éducation idéale qui consistait à la recherche de la vérité éternelle.
Lorsque le Japon ouvrit sa porte au monde entier, 1l y avait au moins deux tendances éducatives en Europe: l’une, un courant principal basé sur la pratique de la vie et l’autre, celle d’éduquer l'enfant pour façonner un homme idéal dont le métier était seulement d’être Homme. J.-J. Rousseau disait : « En sortant de mes mains 1l ne sera (...) ni magistrat, ni soldat, n1 prêtre : 1l sera premièrement homme » (l'Émile). Les leaders de l’époque de Meiji ont voulu introduire, entre autres, ce côté idéal de l'éducation en utilisant le même terme kyôtku. Depuis lors, le même mot kyoiku a commencé à signifier tantôt l'éducation traditionnelle japonaise, tantôt l'éducation moderne et idéale qui venait de l’Europe. D'autre part au cours du processus de modernisation du pays, le gouvernement a complètement détruit l’ancien système de l'éducation pratique pour le remplacer par les systèmes éducatifs de l'Europe du 19ème siècle.
Cependant la réalité ne suivait pas l’attente politique. Même aujourd'hui les deux tendances coexistent dans la société japonaise. Elles ne se complètent pas. Comment doit-on faire dans ces circonstances ?
L'auteur propose un moyen pour résoudre les difficultés causées par cette dualité du terme ky6iku en analysant le système de la langue japonaise. Car l’une des clefs du problème tient aux ambigüités du langage et que lorsque les Japonais parlent de l'éducation, ils en parlent en Japonais.
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