Cette esquisse a pour but de mettre a jour les changements oulturels dans la societe algerienne des annees 1930 aux annees 1950, a travers les politiques de l'instruction publique de la langue arabe. Cette partie de l'enseignement officiel demeure peu connue, consideree comme un instrument inefficace de la politique coloniale. Sa relation avec les masses musulmanes reste a etudier. L'enseignement officiel de l'arabe etait assure par les trois Medersas officielles et le corps des Mouderres officiels, crees respectivement en 1850 et en 1851. Les premieres s'occupaient de l'instruction superieure de l'arabe, en se chargeant de former les agents officiels de la jurisprudence musulmane, du culte musulman, ainsi que le personnel de l'enseignement primaire de la langue arabe, bref les Mouderres officiels. Malgre le nombre tres limite des etudiants, l'enseignement officiel de l'arabe n'a pas perdu sa raison d'etre, car il etait pour l'administration une preuve de son engagement en faveur de la culture arabe musulmane. La France se presentait comme l'heritiere sinon la protectrice de la culture arabe traditionnelle en nommant ces etablissements ou agents coloniaux par les appellations classiques de "Medersa" et "Mouderres." Ce role stabilisant l'ordre colonial de l'enseignement officiel de l'arabe devint plus important quand il entra en concurrence avec le mouvement de l'enseignement libre de l'arabe de l'Association des Ulemas musulmans d'Algerie, fondee en 1931. Si l'administration coloniale a confisque les proprietes pieuses pour designer et retribuer le personnel officiel a sa charge, Ibn Badis, le fondateur de l'Association des Ulemas, a appele les musulmans a la souscription dans le but de fonder des etablissements prives, ou se conserverait le caractere independant et benevole de l'enseignant arabe. Selon lui, l'enseignement chez les musulmans etait historiquement lie a la mosquee, c'est-a-dire a la pratique religieuse. En denoncant les efforts insuffisants de l'administration pour propager parmi les masses la langue de leur religion et face aux politiques repressives envers leurs activites culturelles, l'Association lanca la campagne des Medersas de l'enseignement libre. De la l'administration francaise se mit en quete de support social pour sa politique d'instruction. Les Medersas et Mouderres officiels etaient ses promoteurs. Retrospectivement parlant, ce defi de l'enseignement officiel de l'arabe pour gagner une legitimite culturelle s'est termine par un echec, alors que le mouvement des Ulemas a acquis une certaine popularite. Mais l'incapacite du systeme officiel a s'installer dans la population des masses ne provient pas forcement du refus conscient et politique de la part des musulmans. Au contraire, l'enseignement public de la langue francaise, surtout apres la premiere guerre mondiale a vu de plus en plus de succes parmi les musulmans, aspirants a l'ascension sociale. La baisse de "prestige" de l'enseignement officiel de l'arabe a l'oree des annees 1930 s'expliquait, selon les observations des administrateurs francais, pour deux raisons principales: la manque de debouche des Medersiens et les conditions defavorisees problematiques du metier de Mouderres officiel. Ne trouvant pas un poste dans les domaines juridiques ou religieux, au demeurant rare, les Medersiens furent pousses vers radministration civile. Les postes de Mouderres officiel, qu'ils consideraient comme une profession subalterne mal payee, n'attiraient pas leurs esprits pragmatiques. Il en resulta une penurie d'enseignant officiel de l'arabe. Il est vrai que les Mouderres officiels travaillaient dans les conditions instables. Ils se sont trouves
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