En 1896, de mai jusqu'a novembre, Mallarme s'est occupe a recomposer des textes en prose publies auparavant en revue. Apres avoir envoye les epreuves des Divagations a l'editeur Deman, il s'est mis a une de ses dernieres oeuvres, <<Un Coup de Des jamais n'abolira le Hasard>>, qui paraitra dans le Cosmopolis en mai 1897. Et puis, au printemps de 1898, tres peu de temps avant sa mort subite a la fin de l'ete, il a apporte les derniees modifications a son <<Heodiade>> afin de mieux completer ses Poeies. Au printemps de 1896, il avait, de plus, successivement publie trois poemes jadis adresses a son amie Mery Laurent. Ce fait bien connu n' a neanmoins jamais ete etudie a cause de son caractere "prive". Mais si on examine minutieusement la chronologie de la publication de ces oeuvres, cette derniere nous permettra quelques suppositions interessantes. Pour les articles en prose, c'etait juste apres qu'il eut termine les <<Variations sur un sujet>> dans La Revue Blanche et peu avant la recomposition des Divagations. Le projet de ses Poeies, lui, correspond a une periode de suspension. Quant aux circonstances litteraires, c'etait juste apres la mort de Verlaine (le 8 janvier 1896) et l'election du "Prince des Poetes", qui a soudainement demande a Mallarme quelques pieces inedites afin de presenter le nouveau Prince aux lecteurs de la Plume et du Figaro. Quant aux relations avec Mery, les sentiments trea intimes qui, auparavant, empechaient la publication de ces poemes prives ont, a cette epoque, disparus. Les variantes contenues dans les deux versions de chaques pieces refletent parfois l'affaiblissement de l'intime complicite qui existait entre eux lors de l'envoi des versions originales. Par exemple, au debut du sonnet "Dame / Sans trop d'ardeur...", le nom commun "dame" remplace le nom propre "Mery" comme pour indiquer la "feminite" d'une maniere generale plutot que le nom de l'ancienne destinataire. En examinant ces variantes, on constatera que le poete a renonce a ses sentiments "presque amoureux" pour mettre en relief les idees plus impersonnelles qui auraient du paraitre aussi dans la version ancienne.
View full abstract