La question que nous examinons dans cet article a déjà été abordée de façon très pertinente par Gustave GUILLAUME. En tenant compte de sa théorie, on a obtenu des résultats suivants : 1º les verbes les plus fréquents à entrer dans les locutions verbales sans article sont des verbes très généraux :
avoir, donner, faire, prendre etc. Le substantif complémentaire entrant dans ces locutions est souvent un nom abstrait qui exprime la « sensation » ou le « sentiment » :
faim, soif, envie, peur etc. Dans
avoir faim, le verbe est auxiliaire à peu près dans les mêmes conditions que la forme composée
avoir marché. Au contraire, le substantif joue sémantiquement un rôle important, mais en discours, il ne fonctionne pas comme le substantif ordinaire. Ainsi, on peut dire :
j'ai très faim ;
j'ai grand faim. 2º les locutions ont un caractère lexical et sont souvent synonymes d'un verbe :
avoir foi est synonyme de
croire ;
avoir peur, de
craindre. 3º l'absence d'article dans les locutions verbales de ce type dénonce la non-délimitation et la notion générale. En revanches, la présence d'article dénonce la délimitation et la notion individuelle. 4º il faut tenir compte de la distinction d'ordre stylistique :
avoir regret de /
avoir du
regret de.
Nous croyons qu'on ne peut rendre compte de l'article zéro dans le tour
j'ai faim qu'à la lumière d'une théorie cohérente, fondée sur la notion d'une analyse structurale de l'unité linguistique très particulière que constitue la locution verbale.
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