Bulletin d'Etudes de Linguistique Francaise
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Volume 17, Issue 1
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Articles
  • Akihiko OHNO
    1983 Volume 17 Issue 1 Pages 1-17
    Published: May 27, 1983
    Released on J-STAGE: September 13, 2017
    JOURNAL FREE ACCESS
    Le présent article a pour but de montrer comment la règle dite de cliticisation en 'en' des compléments adnominaux en français (voir l'example (1)) doit être formulée pour pouvoir expliquer la grammaticalité de (1) et de (3) d'une part, et l'agrammaticalité de (2) et de (4) d'autre part.
    (1) a. J'en connais l'auteur. (du livre)
    b. Il en a recouvert la table d'une partie. (du tissu)
    (2) a. *J'en ai téléphoné à l'auteur. (du livre)
    b. *Il en a recouvert la table d'un plan. (de Paris)
    (3) a. Le chef en est puissant. (de la bande)
    b. L'auteur en est célèbre. (du livre)
    (4) a. *Le chef en est habitué à la prison. (de la bande)
    b. *L'auteur en est furieux. (du livre)
    Pour ce faire, nous avons proposé la contrainte fonctionnelle suivante:
    (5) Contrainte thématique sur la cliticisation en 'en'
    Cliticiser le complément adnominal en 'en', si et seulement si celui-ci est le thème de la phrase.
    Nous entendons ici par "thème" ce dont on parle dans un discours donné. Regardons à titre d'exemple comment cette contrainte rend compte du contraste entre (1a) et (2a). Le test auquel nous avons eu recours afin de distinguer le caractère thématique du caractère non-thématique d'un SN dans une phrase, consiste à voir, grosso modo, si un tel SN peut apparaître dans la tournure thématique : "Ce que je peux te dire de SN, c'est que P". Si tel est le cas, ce SN peut être qualifié de "thème" de P. Sinon il ne l'est pas. Essayons de voir de plus près les cas de (1a) et de (2a) : en ce qui concerne (1a), étant donné la grammaticalité de (6),
    (6) Ce que je peux te dire de ce livre, c'est que je (en) connais l'auteur.
    le complément du nom 'livre' peut être le thème de la phrase (7).
    (7) Je connais l'auteur du livre.
    D'où la grammaticalité de (1a) (par suite de l'application du placement de clitique (PL-CL), consistant à déplacer 'en' en position prévervale). Par contre, en ce qui concerne (2a), l'agrammaticalité de (8)
    (8) *Ce que je peux te dire de ce livre, c'est que j'ai téléphoné à l'auteur.
    montre que le même complément du nom 'livre' ne peut être thématique dans (9).
    (9) J'ai téléphoné à l'auteur du livre.
    D'où l'agrammaticalité de (2a).
    Cette analyse a plusieurs avantages par rapport à celles proposées précédemment par KAYNE (1975) et COUQUAUX (1980).
    Premièrement, elle permet d'expliquer pourquoi le type de phrase (1b) est bien-formée à l'encontre du principe "A-sur-A". Selon notre analyse, le facteur régissant la dérivation, par exemple, (7)→(1a) n'est pas d'ordre structural, mais fonctionnel. Plus particulièrement, ce qui est responsable de l'agrammaticalité de (2a, b), ce n'est pas le bloquage du placement du clitique 'en' (PP) à partir d'un PP plus large ; cela est dû à l'impossibilité même de la cliticisation en 'en' des compléments adnominaux en question, étant donné que ces derniers n'ont pas de fonction thématique dans les phrases dont ils sont les constituants. Cette hypothèse rend compte également de l'impossibilité d'apparition de 'en' dans le cas où le principe "A-sur-A" n'est pas violé. Par exemple :
    (10) a. Il a examiné les configurations de ce type.
    b. *Il en a examiné les configurations.
    (11) a. Il a lu le journal du soir.
    b. *Il en a lu le journal.
    Deuxièmement, elle peut aussi expliquer le contraste entre (3) et (4), ce qui n'est pas le cas dans l'hypothèse de COUQUAUX.
    Troisièmement, ce qui est plus significatif à cet égard, c'est qu'il y a des locuteurs qui acceptent (12) et (13) comme grammaticales.
    (12) La mode en a choqué pas mal de gens. (des mini-jupes)
    (13) Le résultat en a démontré que l'hypothèse de Luc était fausse (de cette expérience)
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  • Yoshitaka HARUKI
    1983 Volume 17 Issue 1 Pages 18-35
    Published: May 27, 1983
    Released on J-STAGE: September 13, 2017
    JOURNAL FREE ACCESS
    Dans l'énoncé impersonnel du type Il est arrivé quelque chose de grave. on trouve souvent des éléments adverbiaux tels que lui, y, en, alors, toujours, ici, etc. D'ailleurs si l'on procède à une petite enquête sur cette construction, on voit des énoncés refusés devenir acceptables si l'on y ajoute un de ces éléments adverbiaux. Pour élucider la fonction de ces éléments dans l'impersonnel, il faut se situer sur le plan de l'énonciation. Dans l'acte d'énonciation il existe une opération que nous appelons "opération de repérage". Cette opération, traduite sur des matières linguistiques, sert de thème de l'énoncé (le thème étant entendu comme cadre de prédication et déictique discursif). Cette opération se fait dans les énoncés personnels d'une façon double ; l'une par rapport au contexte précédent et l'autre par rapport à la situation. Dans le cas de l'impersonnel discursif elle s'effectue directement et uniquement par rapport à la situation. Il serait, cependant, plus commode d'avoir des marques linguistiques de ce repérage par rapport à la situation. De ce point de vue, ces éléments que l'on trouve souvent dans l'impersonnel discursif sont interprétables comme marques de ce repérage par rapport à la situation. Même dans des exemples montrés isolément à des informants, l'un de ces éléments sert à créer une situation vague et abstraite et rend un énoncé marginal plus acceptable.
    Beaucoup de linguistes ont essayé de définir le rôle que semble assumer il impersonnel et de décider le statut grammatical de la séquence. A notre sens ces tentatives en elles-mêmes n'apporteront pas grand-chose. Ce qui est plus important, c'est que l'on doit remplir la zone préverbale de l'énoncé impersonnel et que c'est il et non pas autre chose que le français a adopté à cet effet. D'autre part la séquence n'est ni sujet ni objet, mais ce qu'il faut retenir, c'est qu'elle se comporte partiellement comme complément d'objet direct. Pour expliquer rationnellement ces faits, il faut considérer l'énoncé comme un résultat de l'opération énonciative et communicative sous les contraintes grammaticales d'une langue donnée.
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  • Yutaka ROKUSHIKA
    1983 Volume 17 Issue 1 Pages 36-60
    Published: May 27, 1983
    Released on J-STAGE: September 13, 2017
    JOURNAL FREE ACCESS
    La condition de base qui rend possible l'opération sous-jacente au marqueur devoir est la présence du schéma P/P' où P exprime la réalisation du procès et P' sa non-réalisation. Cela signifie qu'au point de départ ni l'une ni l'autre n'est écartée.
    L'opération principale marquée par devoir consiste alors à privilégier d'une certaine façon la réalisation du procès P. Et les façons dont on privilégie la réalisation du procès P déterminent les diverses interprétations possibles de devoir (ces dernières sont évidemment reliables entre elles mais ce point n'a pas fait l'objet du présent article).
    La condition de base P/P' est automatiquement remplie lorsque le procès se situe dans l'avenir. Dans le cas où le procès se situe dans le révolu, le problème est plus complexe puisqu'on a objectivement non pas P/P' mais P ou P'. L'une des possibilités pour avoir P/P' dans ce cas est de se fonder sur le non-savoir. Ainsi un énonciateur ignorant ce qui s'est effectivement réalisé (P ou P') dispose toujours de la condition P/P'. C'est alors l'interprétation «probabilité» qu'on obtient. On peut imaginer quelques autres moyens pour avoir P/P' et ils permettent l'apparition des autres interprétations.
    C'est notamment ce problème du procès P qui se situe dans le révolu que nous nous sommes attaché à analyser. Nous avons également examiné certains problèmes de devoir aux trois formes temporelles du passé suivantes : imparfait, passé composé, conditionnel passé.
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  • Naoyo FURUKAWA
    1983 Volume 17 Issue 1 Pages 61-77
    Published: May 27, 1983
    Released on J-STAGE: September 13, 2017
    JOURNAL FREE ACCESS
    Les syntagmes nominaux possèdent, on le sait, la fonction référentielle et la fonction descriptive. Ainsi, le syntagme nominal l'assassin de Dupont indique un homme, appelons-le Jean, et en même temps, il décrit cet homme, en lui attribuant, en quelque sorte, une étiquette comme celle d'assassin. Notre hypothèse est que ces deux fonctions se reconnaîtraient également dans les relatives qui font partie des syntagmes nominaux : celle qu'on appelle relative restrictive, d'une part, s'occuperait de la fonction référentielle, et d'autre part, celle qu'on appelle relative appositive, assumerait la fonction descriptive. La relative restrictive fournit à l'auditeur une information qui lui permettra d'identifier le référent que représente l'antécédent, alors que la relative appositive n'intervient en aucune façon dans l'identification du référent de son antécédent, puisque dans ce cas, le référent est déjà identifié au stade de l'apparition de l'antécédent. L'essentiel de la relative appositive consiste à décrire le référent de son antécédent déjà identifié. Elle peut avoir donc un rapport intime avec le sens global de la phrase dont elle fait partie ; ce qui n'est pas le cas de la relative restrictive.
    En partant de cette hypothèse, nous avons soutenu les points suivants : contrairement à des idées proposées traditionnellement, (a) du point de vue du sens global de la phrase, la relative restrictive peut être, plutôt, supprimée, tandis que la relative appositive ne peut pas être supprimée sans modifier sérieusement le sens global de la phrase ; (b) la relative restrictive ne constitue pas de présupposé par rapport à la proposition principale : la relative restrictive, dans un cas, n'est ni présupposée ni assertée ; dans l'autre, elle peut être assertée, à la condition que cela ne l'empêche pas d'assumer sa propre fonction, c'est-à-dire la fonction référentielle ; ce qui est confirmé par la possibilité, d'ailleurs indûment niée, d'insérer des adverbes de phrase et des incises ; (c) la relative appositive peut être extraposée dans le cas où elle entretient un rapport sémantique avec la proposition principale tel que la cause, la concession, l'opposition.
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