Nous avons tenté dans cet article de décrire la structure sémantique de la conjonction de coordination
or. Etant admis que les conjonctions servent essentiellement à lier deux phrases (propositions), cela nous impose de réfléchir à ce problème non seulement au niveau de la phrase mais aussi à celui du discours. Il faut, de plus, tenir compte de l'acte de parole (l'énonciation). D'autant plus que la conjonction
or est un terme dont il est difficile d'expliciter le sens, comme l'admettent même les francophones.
Nous avons donc commencé par comparer
or à l'expression
d'autre part, à laquelle, d'après MOIGNET (1981),
or s'identifie au point de vue sémantique. Dans ces analyses, nous avons considéré en particulier les relations logiques entre deux phrases (propositions). Ces analyses nous ont permis d'obtenir les résultats suivants :
[table] (voir le fichier PDF)
Ce tableau se traduit en langue quotidienne comme suit :
En «P
1 or P
2», les deux propositions (P
1, P
2) jointes par la conjonction montrent une forte cohésion logique. Il ne faut pas que chacune des deux inférences (
i1,
i2) résultant de P
1 et de P
2 se dirige vers une même idée, mais il importe peu que ces deux propositions s'opposent ou non. Il faut avant tout qu'il y ait, entre elles, une différence au niveau de la description, et il arrive souvent, dans des cas typiques, que le thème (sujet) de P
2 corresponde au rhème (prédicat) de P
1. P
2 apporte une information nouvelle et introduit un nouveau point de vue dans le raisonnement. Mais si la relation entre P
1 et P
2 devient plus faible,
or ne sert plus qu'à exprimer une transition : dans ce cas, on omet la conclusion logique.
Notre description de
or se caractérise non seulement par la distinction entre les traits sémantiques et les traits pragmatiques, mais aussi par la mise en évidence de ces derniers. Car eux aussi nous permettent d'employer un mot et surtout une expression conjonctive. Mais nous avons distingué ces deux sortes de traits, parce qu'il nous semble que les pragmatiques sont souvent dérivés des sémantiques.
De cette façon, contriarement à l'idée de MOIGNET, nous avons pu établir les différence
or et
d'autre part. Nous sommes sûrs que toutes les études analytiques entreprises ci-dessus nous permettent de mieux comprendre le problème des conjonctions et des conjonctives.
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