L'activité langagière est avant tout une activité
pratique, c'est-à-dire qu'elle
sert toujours à quelque chose, à faire quelque chose :
communiquer,
représenter, ou encore
argumenter, pour
faire progresser le discours. Telle est la conviction bien répandue qui définit la fonction principale du langage. Pourtant, tout le monde sait que le discours ne fait pas que
progresser, mais que dans le discours, on joue parfois avec la langue. Or, ce côté
ludique du langage est trop souvent traité comme exceptionnel ou accessoire, et c'est précisément à cette croyance idéologique que nous essayons de nous opposer, pour montrer ensuite comment, justement, l'activité ludique se généralise dans le discours : on joue tout le temps avec le langage. De ce point de vue, nous comparons la figure de rhétorique de la
litote avec le
boke et le
tukkomi, sortes d'actes de parole comiques, utilisés dans un type de comédie japonaise appelé
manzai. Il y a évidemment beaucoup de différences entre ces deux procédés, mais malgré tout, nous trouvons qu'ils ont pour point commun d'être
ludiques d'une manière ou d'une autre et qu'il s'agit, dans les deux cas, d'un phénomène provoqué par ce que nous appelons une "déviance heureuse" du courant du discours, qui en reconstruit un autre. Étant une déviance, le discours qui comporte l'un ou l'autre de ces cas de figure, au lieu de progresser, peut jouer avec la langue. Nous essayons donc de montrer l'importance de cet aspect ludique au sein de notre activité langagière.
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