Les trois pays du Maghreb (Algérie, Tunisie, Maroc) semblent, à l'heure actuelle, traverser une crise à la fois économique, institutionnelle et internationale. Aux prises avec des difficultés de tous ordres, chacun tente de vivre sans avoir réussi à normaliser tout à fait ses rapports avec ses deux voisins.
Comment se fait-il que des pays de même tradition, de même ethnie, de même culture, de même climat, de même langue, n'arrivent point à s'entendre vraiment et se trouvent-sur le plan politiquedans des situations fort dissemblables?
Cela tient sans doute aux conditions de la colonisation (différences dans la durée de la colonisation; différences dans l'importance de l'implantation européenne; différences juridiques de statut) et aux circonstances qui ont entouré la décolonisation. A ce dernier point de vue, on notera deux diversitiés (diversité dans l'acuité des combats menés pour l'indépendance, diversité dans la formation de “l'idée nationale”) et deux similitudes: la décolonisation s'est faite dans les trois pays par des négociations bilatérales avec la France et, dans les trois pays, elle n'a point entrainé une rupture progressive avec la France. Cette absence de rupture s'est no tamment manifestée par le faitque les formules juridiques de transition ont été choisies en accord avec la France etque le modèle constitutionnel francais a étéassez largement imité.
I. Comment se présente actuellement l'évolution politique interne du Maghreb?—Il faut noter d'abord une diversité des constitutions, puis, sous cette apparente diversité, une profonde similitude des régimes, enfin s'interroger sur les constantes de “l'opposition maghrébine”.
—Trois régimes politiques différents existent au Maghreb: une monarchie parlementaire (Maroc), une démocratie “conventionnelle” (Algérie) et un présidentialisme bourgeois.
—Mais, sous cette facade hétérogène, il existe une profonde ressemblance des styles: les trois régimes se présentent comme des régimes “personnalisés” qui s'appuient avant tout sur la “masse”.
—L'opposition maghrébine se présente sous la forme de deux grandes tendances:
—opposition “traditionnaliste” ou opposition “progressiste” (l'opposition traditionnaliste groupant les sphères sociales conser-vatrices et les milieux musulmans les plus intransigents, l'opposition progressiste réunissant
les partis dont les preoccupations socialistes ne sont pas satisfaites par l'équipe gouvernementale au pouvoir et qui prétendent représenter elles-seules un socialisme authentique qui aurait été trahi par le pouvoir, le parti communiste, interdit partout en Afrique du Nord, et
les syndicats).
—opposition “civile” ou opposition “militaire”. Le problème de l'armée est un probléme important au Maghreb, Il a été crucial en Algérie au moment de l'indépendance et demeure inquiétant au Maroc.
L'opposition maghrébine emprûnte deux formes, selon qu'elle se situe à l'intérieur du régime dans le cas de pluripartisme ou en dehors du régime quand toute représentation officielle lui est pratiquement interdite (elle devient alors clandestine ou se réfugie dans l'exil). Ses moyens d'action sont différents dans l'un et l'autre cas. Dans le cas du pluralisme politique marocain, ce sera soit un refus persi
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